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Vers une plus grande égalité : Isabelle de Charrière (1740-1805) et la fiction
Academic Journal
La romancière Isabelle de Charrière s’est montrée lucide vis-à-vis des normes sociales et de ce que les sociologues appellent la construction de genre. Son commentaire désabusé sur l’indignation suscitée par le Caleb Williams de Godwin, en 1798, l’atteste. En rendant visible la violence symbolique qui s’exerce sur les femmes, ses romans et comédies contestent sourdement dès 1784 les structures d’une domination. Dotant leurs héroïnes de nouvelles trajectoires, et d’une « agentivité », ils rétablissent une égalité de fait – et postulent un véritable universel au moment où le roman sentimental met en place des modèles genrés. Après avoir secoué les prescriptions de son milieu dans son existence, elle se montre critique lorsque l’égalité des citoyens laisse à l’écart les femmes